Le monde à l’envers
A l’heure actuelle, Madagascar est carrément devenu le royaume des cravates bleues et de ce fait ces personnes s’accrochent de toute leur force au pouvoir malgré le fait que la majorité de la population ne souhaite plus les avoir comme dirigeants et qu’en plus, l’Assemblée nationale a prouvé les violations répétées de la Constitution perpétrées par leur chef suprême. Il y a exactement un mois, alors que les députés s’étaient ligués pour demander la déchéance du président de la République, nous avons écrit que c’était le début de la fin pour le régime actuel, que le pays se trouvait à un tournant de son histoire et que nous étions à l’aube d’une crise. Pourtant, le chef de l’Etat semble ne pas voir tous ces avertissements et continue à se voiler la face et à être borné et obnubilé par le pouvoir. Depuis tout ce temps, il n’a pas encore eu l’intelligence d’accepter ses erreurs et son incompétence pour sortir par la grande porte comme un vrai président digne de ce nom. Toutefois, il n’y pas que le président de la République puisque tous les ministres et autres hommes actuels du pouvoir ne reconnaissent jamais leurs fautes et insistent à tout prix pour garder leurs places. Pourtant, dans d’autres pays, plus soucieux de l’Etat de droit et/ou de la démocratie et qui en plus sont nos partenaires techniques et financiers, des dirigeants comme les nôtres sont remplacés à la moindre bavure pour faire place à des personnes plus compétentes. En d’autres termes, c’est complètement le monde à l’envers dans la Grande île mais les exemples ne s’arrêtent pas là. Pour la célébration de la fête nationale, le patriotisme a été scandé à tout va et pourtant beaucoup ne savent pas réellement ce que cela signifie. Dans sa définition la plus simple, le patriotisme désigne le dévouement d’un individu envers son pays qu’il reconnaît comme étant sa patrie, tout le contraire de l’égoïsme ou de l’égocentrisme dont le président de la République est toujours critiqué. Si nous savons déjà que nos dirigeants ne sont patriotes que du bout de la langue, d’autres veulent l’être mais sont complètement à côté de la plaque. A l’occasion de cette fête de l’indépendance, il est tout à fait normal de revenir en arrière et de mettre en avant le fait que nos ancêtres étaient vraiment patriotiques en se battant contre les colonisateurs pour obtenir cette indépendance, même sur le papier. Pour eux, c’était la patrie ou la mort, si nous pouvons le dire ainsi. Au fil des années, ce dévouement a pourtant pris un coup dans la mesure où aujourd’hui, pour certains, dont notamment pour un « jean de l’élite » qui n’est pas passé par les bancs de l’école et qui siège à l’Assemblée nationale, le patriotisme ne se résume plus qu’à l’action de venir au stade municipal pour assister à un défilé et pour écouter les âneries d’un président de la République en fin de mandat précoce. C’est complètement le monde à l’envers d’autant plus que cette même personne, qui a vraisemblablement des intérêts particuliers à protéger en soutenant le chef de l’Etat controversé, s’est demandé si les parlementaires absents au stade municipal étaient réellement patriotiques. Pourtant, contrairement à lui, ces députés absents sont réellement dévoués à la patrie dans la mesure où ils ne veulent pas que le pays court à sa perte à cause de l’actuel président de la République. Dans le monde à l’envers qui est le nôtre, rien ne fonctionne plus normalement et c’est tout à fait le cas de le préciser quand la Haute cour constitutionnelle ose se positionner et décider de manière politique de protéger un numéro un contre qui cent vingt et un députés peuvent témoigner pour corruption. Cependant, cela semble tout à fait normal surtout pour le soi-disant groupe international de soutien ou la communauté internationale qui soutient la stabilité et le retour du développement pour le pays. Dans un tout autre domaine, c’est le directeur général d’une compagnie qui viole les règles d’engagements qu’il a paraphés mais ce sont les membres de l’intersyndicale qui se retrouvent à la brigade criminelle et la police économique.
Laza Marovola