Irresponsabilité flagrante !
Mais qui a eu cette stupide idée de tenir le premier examen officiel en plein hiver ? Ou plus exactement, qui encore a oublié de prendre ses responsabilités d’aller vérifier que la date des examens pour l’obtention du certificat d’études primaires et élémentaires ? Pire, elle tombe en pleine propagande électorale pour les communales et municipales. Et ce sont les candidats qui ont dû faire l’effort de fermer boutique pour la journée d’hier. Encore une fois, il est vérifié qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion sinon on n’aurait pas vu des enfants transis de froid jusqu’aux os et ayant du mal à tenir le stylo !
Au cas où les dirigeants actuels l’auraient oublié, on parle ici du tout premier examen officiel qu’affrontent des bambins de 10 ans, en moyenne, et ce, après des études primaires qui ont duré, en principe 5 ans. Pour les écoles primaires publiques (Epp) de Madagascar, où sont envoyés plus de 70% des enfants malgaches, les études commencent au niveau appelé T1 et à l’âge de 6 ans. Si on se réfère aux établissements privés où les petits y sont envoyés dès l’âge de 3 ans pour être mis dans ce qu’on appelait autrefois « les jardins d’enfants », ce niveau cité supra est égal à celui de ce qu’on appelait aussi autrefois « la classe de douzième ». Et donc, c’est au terme de ces cinq années que les enfants doivent obtenir leur premier diplôme officiel, sésame aussi pour passer au niveau dit secondaire. Autrement dit, il s’agit de se rappeler de toutes les leçons, devoirs, et connaissances acquis durant toutes ces années et pour cela, le minimum qu’un vrai responsable étatique puisse offrir à ces futurs dirigeants de notre pays dans 25 ou 30 ans, est de ne pas les laisser souffrir du froid. On sait pertinemment que c’est encore un rêve impossible à réaliser de chauffer les salles de classe, comme c’est le cas dans les pays développés ou bel et bien en voie de développement. On sait aussi que le ministère de l’Education nationale n’a pas les moyens de financer les cantines des Epp pour des bambins qui subissent tout au long de l’année la malnutrition, la sous-alimentation et même la famine, et qui ne se nourrissent que de riz et de manioc, dans les meilleurs des cas. Est-il nécessaire encore de rappeler que ce pays figure parmi les plus pauvres du monde et plus de 95% de sa population vivent dans le dénuement total. Et bien sûr, les tenants du pouvoir actuel savent plus que tout le monde que la malnutrition est la plus grande cause de mortalité juvénile, et que le « sous-poids » et les restrictions alimentaires causent annuellement de nombreux décès chez les enfants. Mais surtout, la malnutrition cause bien des maladies mortelles ou au minimum, augmente les risques d’infections tel le développement de la tuberculose. Avec le froid vivifiant dans la journée d’hier, on comprend que ceux allant affronter le Cepe, ont une faible énergie physique et psychologique.
On se rappelle que dans un passé pas si longtemps que ça, ce premier examen se tenait au début du mois de juin, au moment où la météo reste encore clémente. Avec les élites qui dirigent le pays actuellement, décision a été prise de tenir le Cepe, non seulement après la fête de l’indépendance mais aussi en plein hiver. Et surtout, durant les 2 semaines de période de propagande entrant dans les élections communales et municipales ! Il faut vraiment être à côté de la plaque ou encore vivant sur une autre planète pour ne pas se rappeler que les deux dates se chevauchent et de ne pas agir en conséquence. Parce que la presse ne se souvient pas d’une quelconque injonction du ministre concerné, même pas quelques lignes de protestation dans un communiqué. Conscients de la perturbation qu’à coup sûr, cela causerait, les candidats aux élections ont préféré s’abstenir de tenir des manifestations le jour des examens.
En tout cas, cela montre, et encore une fois, que Madagascar est entre les mains de gens inconscients qui ne comprennent rien à rien et qui naviguent uniquement au jour le jour. Pire, on sait maintenant que le gouvernement n’a même pas un agenda des événements officiels qui se tiennent tout au long de l’année. Pour le pays, c’était vraiment une grande première, après 55 ans d’indépendance.
Jean Luc RAHAGA